Les derniers temps n’ont pas épargné notre utilisation d’appareils électroniques et de services en ligne. Cela est sans compter nombre d’emplois qui se font maintenant à distance. L’ensemble de ces facteurs a amené plusieurs d’entre nous à augmenter notre temps passé devant des écrans et l’ensemble de l’univers social virtuel qui côtoie maintenant notre quotidien. L’hyperconnectivité et la cyberdépendance peuvent nous préoccuper et certaines auront peu-être envie de prendre une pause de cet univers virtuel pour le temps des fêtes. Mais comment? Je vous propose ici un petit guide pour sortir temporairement du monde connecté et tenter de se raccrocher au réel pendant quelque temps.

Préparer votre téléphone intelligent à être délaissé pendant plusieurs semaines

Notre téléphone intelligent est devenu pour la plupart d’entre nous un outil quotidien. Avant d’entamer son décrochage, il est important de bien vous préparer à ne plus avoir besoin de cet appareil, ou du moins à le limiter à des opérations qui sont en dehors du monde connecté. Nous y reviendrons plus tard.

Désactiver toutes les notifications

Pour ma part, cette action est prise en permanence sur mon téléphone, sauf pour la sonnerie du téléphone, les textos et les appels vidéo. Pour un bon décrochage en ligne, désactiver toutes les notifications des autres applications, surtout les applications de réseaux sociaux. Ainsi, vous ne serez plus distraite par diverses sonneries, votre cerveau ne sera plus conditionné par la curiosité de vérifier leurs arrivées et vous n’aurez plus la tentation, voir le réflexe, de sombrer quelques minutes dans les TikTok et Instagram de ce monde. Si les textos ou votre téléphone sont des outils de travail et que vous ne voulez pas vous faire déranger durant le temps des fêtes, pensez à désactiver aussi les notifications de ces applications.

Identifier les actions que vous voulez permettre durant le temps des fêtes.

iOS et Android permettent entre autres de contrôler le temps d’utilisation et l’accès à vos applications grâce au contrôle parental. Eh oui, un bon petit contrôle parental sur vous-même est une bonne façon de réduire votre consommation de téléphone. Identifier les applications qui ne sont pas nécessaires, puis bloquer en l’accès. Pour un bon décrochage en règle, cela devrait inclure notamment tous vos réseaux sociaux ainsi que tous les outils de communications. Je pense notamment ici aux courriels, à Messenger et Facetime, car vous pourrez toujours utiliser un ordinateur si le besoin se fait sentir. Vous ne vous faites pas confiance et vous croyez que vous irez désactiver les contrôles parentaux pour aller voir ce qui se passe sur Facebook? Demander à un proche d’être celle qui détient le mot de passe de votre contrôle parental, l’envie diminuera d’aller quémander pour aller perdre votre temps sur Instagram et votre proche pourra vous rappelez à l’ordre, ou vous inviter à profiter du réel.

Préparer votre ordinateur à être délaissé pendant plusieurs semaines

Les ordinateurs sont aujourd’hui pour bien d’entre nous des outils de travail. Un bon décrochage devrait donc nous éloigner de ces appareils.

Fermer le WiFi et bloquer les applications spécifiques à votre travail.

Le meilleur moyen de vous débarrasser de cette incessante envie d’aller consulter vos courriels, de vérifier la dernière montée de cas Omicron ou de consommer la dernière série Netflix, c’est de carrément ferme le WiFi. Vous êtes graphiste, productrice de musique, animatrice ou pratiquant tout autre métier qui nécessite une application spécialisée sur votre ordinateur? Identifier toutes les applications qui pourraient vous remettre en mode travail et bloquer les grâce au contrôle parentale. Encore une fois, si vous voulez être certaine de l’efficacité de décrochage, remettez le code d’accès de votre contrôle parentale à un proche.

Préparer votre téléviseur à être délaissé pendant plusieurs semaines

Délaisser les séries télévisées et les services de visionnement en ligne est un choix qui pourra rester à votre discrétion. Pour ma part, je considère ces services dans le même ordre de nuisance numérique que votre téléphone ou votre ordinateur, pour la simple raison que ces services optent pour des algorithmes qui suggèrent du contenu plutôt que de vous forcer à vous demander ce que vous voulez écouter et que ces services vous enferment dans un choix de contenus limité à leur catalogue. Je vous encourage donc fortement à décrocher aussi des Netflix, Disney+ et Prime de ce monde pour faire place au réel. Si vous avez des envies d’écouter un film ou une série, je vous suggère de vous trouver le dit contenu avant d’ouvrir ses services en ligne. J’en profite pour vous suggérer d’écouter des séries et des films québécois, la culture en a bien besoin en ce moment.

Préparer votre entourage professionnel et personnel à votre décrochage

Quittez un monde dans lequel l’instantanéité est devenue la norme demande un peu de préparation sociale. Avertissez vos proches collaboratrices de votre exil temporaire, cela évitera les incompréhensions et apaisera votre paix d’esprit de ne pas faire attendre quelqu’un. Ensuite, utiliser la fonction de réponse automatique disponible dans tous les services de courriels pour avertir ceux qui communiquent avec vous que vous ne répondrez pas. Si vous vous servez des réseaux sociaux pour communiquer, utiliser aussi la fonction de réponse automatique pour vos pages commerciales. Par contre, pour les comptes personnels, cette fonction n’est toujours pas disponible. Je vous propose donc de faire une publication publique pour informer celles qui voudraient comprendre pourquoi vous ne répondez pas.

Replongez dans le réel

Lorsque tout sera prêt, il sera maintenant de vous questionner sur le réel. Mais que faire maintenant que vous n’avez plus accès à Facebook, Instagram, TikTok, LinkedIn, Twitter, Netflix, Spotify, aux sites de nouvelles et autres? Replongez dans le réel!

Voici quelques suggestions si vous vous sentez un peu perdu au départ.

• Sortez un jeu de société
• Écouter, sans rien faire d’autre, un album de musique, de très grande préférence sur un support physique (vinyle, cassette, disque compact, mp3) qui ne nécessite pas le WiFi
• Cuisinez
• Aller jouer dehors
• Trouvez le moyen de faire un feu dehors
• Lisez un livre
• Jouer d’un instrument de musique
• Sortez voir du monde, sans votre téléphone (imprimer votre preuve vaccinale)
• Dessiner
• Écrivez
• Bricoler

Les trois derniers points me semblent d’une importance considérables. Si vous sentez l’envie d’occuper votre esprit avec, par exemple, une série Netlfix, sortez plutôt des outils créatifs simples comme une pile de papier et des crayons puis imaginez ce que vous auriez envie de voir. Ensuite, dessinez-le, écrivez-le ou encore, lancez-vous dans le bricolage de cette idée, en papier mâché par exemple. Ce que vous pourrez créer ne s’en remet qu’à votre imagination! Une petite suggestion concernant ce dernier point, laissez de côté la perfection et laissez-vous abandonner dans ces activités même si vous n’avez aucun talent ou expérience.

L’exception des jeux vidéo

Pour ma part, j’ajoute les activités de jeux vidéos dans ce que je me permets durant mon décrochage numérique. Jouer me permet de m’évader et de ne plus penser à rien durant quelque temps. Par contre, je dois mettre en contexte que je ne joue pas régulièrement durant le reste de l’année, voir que très rarement. Par contre, plusieurs peuvent sentir les jeux vidéos comme étant aussi une dépendance numérique, surtout si les jeux sont en lignes et nécessitent la présence d’équipes. Pour ma part, je conseillerais de nouveau de laisser de côté tout ce qui nécessite une connexion WiFi durant votre décrochage, et même tout autre jeu auquel vous jouez régulièrement. Je laisse donc à votre discrétion de poser vos limites, mais n’oubliez pas que l’objectif de l’exercice est de vous sortir de vos conditionnements numériques et de vous faire profiter des activités que vous ne faites probablement pas le restant de l’année.

Oui mais…

• j’ai besoin d’utiliser Messenger pour contacter des amies pour sortir?
  • Faites exception et utiliser votre téléphone!
• j’ai besoin d’une recette en ligne?
  • Sachez reconnaître les besoins numériques qui s’attache au réel, comme chercher une recette ou des indications routières, de ceux qui ne s’y rattachent pas, et utilisez vos appareils que pour accomplir une tâche reliée au réel. Privilégiez en tout temps votre ordinateur à votre téléphone, question d’éliminer les tentations reliées à ce dernier. Par contre, je vous suggère de toujours tenter d’opter pour une solution analogue. Besoin d’une recette? Ouvrez un livre de recettes. Pas de livre de recettes? Empruntez-le!
• je travaille durant le temps des fêtes?
  • Je compatis avec vous et vous suggère d’utiliser au minimum les ressources numériques nécessaires à votre travail, et ce, uniquement durant vos heures de travail.
• je m’ennuie?
  • Tant mieux, c’est bon signe! Revenez à l’étape de replonger dans le réel et optez pour l’activité qui vous plaira. Vous n’avez plus d’idée? Ne rien faire peut aussi être une option, prendre un bain aussi. Si vous êtes à bout de ressource, essayer de rêver et d’imaginer des événements ou des histoires que vous aimeriez vivre. Prenez ensuite un cahier à écrire ou à dessiner et coucher sur papier ces idées. Laissez-vous aller!

Pourquoi décrocher numériquement?

Pour ma part, c’est probablement par nostalgie du passé, celui avant l’arrivée des ordinateurs et d’internet, que m’est venue l’idée de faire un tel exercice. Je me souviens de ces instants chéris où je ne ressentais ni cette envie ni cette pression d’aller toujours tout vérifier ce qui se passe, ni cet automatisme de me laisser guider par les choix des algorithmiques ou de carburer aux nouvelles et aux nouveautés. J’aimerais retrouver ces moments, ne serait-ce que pendant quelques semaines. De plus, je crois comme plusieurs que ma dépendance numérique a maintenant une forte empreinte sur ma vie. Mes professions multiples m’apportent à utiliser quotidiennement et de façon plutôt excessive tout ce qui est de l’univers numérique et je crois que c’est le cas de nombreuses personnes dans notre nouvelle ère numérique. Malheureusement pour nous, l’univers numérique, particulièrement les réseaux sociaux, est très nocif pour la santé et exploite nos faiblesses neurologiques pour favoriser l’économie de l’attention. L’ère du capitalisme bat son plein et rien, ou presque, n’arrête présentement les GAFA de ce monde d’optimiser leurs modèles pour recueillir leur nouvelle et précieuse ressource naturelle, notre temps d’attention. Ces modèles en place seront probablement un jour réguler au même titre que les produits cancérigènes dans les cigarettes, mais en attendant, il est, à mon avis, notre devoir de prendre des pauses de cet engrenage pour notre santé mentale et physique. Bien évidemment, toutes ces accusations méritent des explications, mais ce sera plus tard, car en terminant ce billet, je démarre mon décrochage numérique personnel jusqu’en janvier.

Bon temps des fêtes à tout le monde!

Phil Bourg

N.B. Dans l’espoir d’en finir avec la singularité des genres, l’emploi du féminin est utilisé dans ce billet afin de représenter tous les genres. Le choix du féminin est dans le but d’offrir réparations pour les derniers millénaires. C’est la moindre des choses à mon avis.